
100 défis photo : défi n°19
Risquez la focale fixe

Sensibilité 800 ISO, focale 85 mm, diaphragme F/8, 1/60s
Adoptez un seul objectif, une focale fixe (et plutôt longue). Moins facile qu’un zoom, cette optique contraint à la créativité.
Le défi
La différence entre une focale fixe et un zoom est qu’un zoom permet de modifier la distance focale, ou l’angle, par simple rotation d’une bague située sur l’objectif (zoomer, dans le langage courant). Une focale fixe, rendant souvent une image de meilleure qualité, elle apporte néanmoins une contrainte dans le sens où, pour changer de cadrage, isoler un sujet, provoquer une composition, le photographe doit s’approcher, reculer, se décaler, bref se déplacer. Il devient ainsi acteur de son environnement.
Comment réaliser ce défi sans tricher ? Ben ouais, c’est facile d’avoir toute une panoplie d’objectifs fixes dans son sac, et de les interchanger à outrance. J’ai donc pris le risque de partir léger pour les fêtes de Noël : un unique objectif 85 mm était fixé à mon boitier pendant mes 10 jours de congés. J’ai choisi de corser un peu le jeu en tentant de réaliser une mini-série de photos pendant ma correspondance d’1h à Paris (par mauvais temps qui plus est). Pour la composition et la technique, je parlerai de la photo principale, celle que j’ai choisie. Mais je vous présente tout de même le reste de ma série. J’ai décidé de jeter mon dévolu sur le centre Georges Pompidou, malheureusement en ravalement de façade en cette saison (décidément …).
Finalement j’ai tiré parti des contraintes qui se sont “offertes” à moi. Le temps grisâtre atténue les ombres et permet de révéler plus facilement les détails architecturaux. Les travaux de façade ont révélé une belle matrice d’échafaudages, et m’ont permis pour la première fois de complètement tourner autour du bâtiment, et découvrir l’entrée et ses réseaux de tuyaux colorés.
La composition
Le champ de vision humain est connu pour être retranscrit au mieux par un objectif 50 mm (objectif dit “standard”). Le 85 mm correspond donc à un angle plus resserré, déjà dans la gamme des téléobjectifs. Il va donc être particulièrement pratique pour isoler le sujet de son environnement et offrir une profondeur de champ interessante. Il nécessite en revanche beaucoup de recul en fonction de la composition souhaitée. Je ne m’étais pas facilité la tâche en choisissant un sujet architectural. Mais bon. C’est quand même mon préf’ (un beau piqué, un beau bokeh, et un bel objet) !
La chance m’a souri lorsque j’ai vu cette rue peu circulée qui s’enfonçait à la perpendiculaire du centre Pompidou. Elle ma permis de prendre un peu de distance afin de faire tenir le mot ÊTRE au centre bas de la photo. Pour avoir un cadrage satisfaisant, j’ai du m’y reprendre à plusieurs reprises (merci le numérique) pour exclure les scooters qui étaient garés sur les bords, tout en faisant apparaitre ÊTRE en entier et obtenir le maximum de tuyauterie au-dessus. Il a suffit d’attendre le feu rouge de la rue principale pour qu’aucun véhicule ne s’incruste, et clic !
la technique
Un ciel gris Parisien en plein mois de décembre, on se rend pas compte, mais c’est sombre ! J’avais besoin d’une grande profondeur de champ (photo d’architecture), et surtout, sans trépied, un temps de pose pas trop long. J’ai donc monté les ISO à 800 pour pouvoir ouvrir à au moins f/8. Un temps de pose de 1/60s a nécessité que je reste suffisamment stable.
Pour prendre ma photo sans trop recadrer, j’ai du légèrement “lever le nez” ce qui a eu pour effet de déformer les fuyantes verticales. Je les ai redressées en post-traitement.