
100 défis photo : défi n°23
Ressuscitez le noir et blanc argentique

Nikon L35 AW-AF, pellicule Ilofrd HP5 plus 400
Retrouvez les réflexes d’antan : penser l’image, se concentrer pour régler l’appareil – point, diaphragme, vitesse.
Le défi
Angleterre, 2020. Une malle prend la poussière dans l’annexe d’une vieille ferme. L’accès m’y est autorisé et j’ouvre le coffre du trésor : des dizaines d’appareils photo, argentiques et numériques, de tous âges. Du petit compact du début du siècle au moyen format du début du siècle dernier, tout y est. J’ai le droit d’emporter avec moi tout ce qui me plait. Faire revivre ce stock de matériel photo en dormance, comme pour faire revivre son propriétaire. Une forme de tendresse nostalgique m’envahit à mesure que j’exhume ces pépites. Sous le tas de boitiers, de lentilles et autres babioles dont l’utilité m’est encore inconnue, se trouve un agrandisseur, un margeur, une lampe inactinique, deux bacs en plastique, une cuve et 6 spires, un scoponet, bref, l’essentiel pour me permettre de développer moi même mes photos.
J’en profite pour glisser une pellicule acquise au préalable chez les ateliers de Marinette dans un boitier, que je choisi pour la principale raison que je trouve son design amusant : un Nikon L35 AWAF f/2.8 étanche (L35 signifie qu’il s’agit d’une focale fixe 35mm, AF que c’est un autofocus, f/2.8 porte bien son nom si vous avez suivi un peu mes autres défis photo, et je ne sais pas si étanche signifie étanche, parce qu’à ce jour, je n’ai encore jamais osé le plonger dans l’eau. AW doit vouloir signifie “Ah Wais !!!” mais j’ai pas vérifié).

Mon voyage se poursuit dans le parc britannique de Dartmoor, dont quelques photos sont visibles sur mon compte Instagram, puis la Bretagne, d’où la photo de ce défi a été prise.
La composition
Nous sommes au bout du monde, à la limite d’où les routes peuvent nous mener. A l’horizon, l’île d’Ouessant. Plus loin, le nouveau monde. Sur le bord du précipice, nous décidons de faire quelques pas en arrière, et affrétons trois frêles embarcations pour se réfugier dans l’Aber Ildut, bras d’eau dans les terres, bien moins vertigineux que l’infini de la mer d’Iroise. Le soleil irradie à travers un voile humide, et diffuse sa lumière dure et blanche dans toutes les directions.
J’ai passé beaucoup de temps a attendre ce cadrage (et donc à ne pas pagayer, au grand dam de ma coéquipière), sur lequel le dos de Léa est encadré de Juliette et Justine, montrant l’intégralité de notre escadrille, navigant en V, en reflet aux oies migrant dans le ciel. Je suis très content du résultat qui, dans un premier lieu, représente bien ce que j’éprouvais lors de cette belle excursion : une sensation de repos, de tranquillité et de paix intérieur. Une brève perception du vrai bonheur en somme. Par ailleurs la règle des tiers est bien respectée, et ajoutée d’une dynamique en triangle, tracée par les bras de Léa.
la technique
Dans ce paragraphe, je parlerai moins de la technique de prise de vue que de celle du développement, bien plus interessante à expliquer compte tenu du côté “tout automatique” du boitier que j’ai utilisé.
Pellicule fraichement développée Ma chambre noire de fortune
Il a suffit d’un confinement bis pour que je trouve le temps d’aménager ma chambre noire. Le développement des pellicules se déroule sans encombre et le résultat est très satisfaisant.
Le tirage papier a un peu plus de mal à se mettre en place : je n’ai pas le pied de l’agrandisseur, ni de passe-vues, ni même de minuteur, mais le sens du système D. Une tringle de rideau calée avec des rouleaux de PQ et deux plaques de plexiglass évidées en leur centre d’un rectangle 24×36 mm (environ) plus tard, ma chambre noire est prête.
Rapidement, pour effectuer un tirage, on commence insérer le négatif dans le passe-vues, et le disposer sous la lampe de l’agrandisseur. Il faut ensuite régler les dimension de l’agrandissement au format de la photo, puis la mise au point, grâce au scoponet. On réalise ensuite une bande de test, où on expose une bandelette de papier à pas réguliers de deux secondes (la partie un peu “sketch” sans minuteur). de cette bande de teste on sélectionne la durée d’exposition idéale qu’on reproduit sur notre papier photo (non découpé cette fois). On développe la photo en la trempant dans trois bains : le révélateur (ou la photo apparait comme par enchantement), le bain d’arrêt (du vinaigre blanc) et le bain de fixation. On rince, on sèche, c’est prêt, c’est beau, on est content.
La photo affichée ici n’est pas un scan du tirage, mais du négatif. Scannée chez devinez qui.